Extraits poétiques choisis

 

Mots de tête,

J’avais des mots de tête
Débordée par l’idée
Interminablement féconde

Comment rendre la vie
Et ses facettes infinies ?
Et exprimer en quelques vers
De multiples univers ?

Pourquoi vouloir résumer
Circonscrire en quelques mots
Ce qui se remémore à chaud
Au vent des mémoires-mausolées ?

Et si je fixe. Je fige !
Peut-on imprimer les heures ?
Occuper un espace
Territorialiser la mémoire ?

© Coralie Folloni, « Mots de tête », Mémoire de coeur, Editions Valrose, 2014.

 

Deuxième fragment,

Une minute à peine
Les sons se déchaînent
Un autre dialecte
Échange l’écho.

© Coralie Folloni, « Deuxième fragment », Mémoire de coeur, Editions Valrose, 2014.


Troisième fragment,

Nouveau cap croisé
Idiome prononcé
Décline les deux premiers
Qui ne cessent de résonner.

© Coralie Folloni, « Troisième fragment », Mémoire de coeur, Editions Valrose, 2014.

 

En un instant,

Et le temps se seg – men – te,

se dé / coupe,

se lit,
s’invente,
se traduit.

Et les horloges sonnent les années
passées
et
celles à venir.

© Coralie Folloni, « En un instant », Mémoire de coeur, Editions Valrose, 2014.

 

Échange,

Un é – change
chang – é au vent des voix

Des mémoires
Qui s’enflamment
Des échos
Qui s’affolent

Et résonnent
Les cristaux
Qui scintillent
En miroirs

______ Chant – é au vent sonore
Tu é – tanches les parois _________

© Coralie Folloni, « Échange », Mémoire de coeur, Editions Valrose, 2014.

 

Écouter,

Trémolos enchaînés
Rythmes irréguliers

Un cœur a vibré
Par les cordes ébranlé

Le regard s’attarde
Sur une peinture orientale

Une pause s’établit
Entre le regard et l’ouïe

Recevoir d’écouter
Réceptionner du regard

L’émotion s’imprima
À travers ces mots-là.

© Coralie Folloni, « Écouter », Mémoire de coeur, Editions Valrose, 2014.

 

Découpage totalitaire,

Silence dénoué d’écoute, temps dénoué de réelle mesure.

L’échelle du décompte est celle de l’Homme qui granule.

Il mesure pour cheminer, se repérer, savoir ce qu’il fait, où il est, l’heure qui marque son action sonnante.

Rythme de nos vies, décidé, conventionné, artificiel, point naturel, des années, des saisons, des mois, des heures, des minutes, secondes et autres découpages fortuits qui n’ont en fait point de sens si ce n’est celui qu’on leur attribue.

© Coralie Folloni, « Découpage totalitaire », Cheminer le temps, Editions Valrose, 2011.

 

Cheminer,

À travers les âges empiriques
Face aux temps fondamentaux
Bien des bouts de temps iniques
Ont établi leurs tréteaux,

À travers les contrées infinies
Face aux paysages quelque peu flétris
Après tant de voyages
Avec toi pour seul capitaine
La minute œuvrant est devenue malsaine,
À cause de mains qui meurtrissent
Les pauvres natures, restant ébahies,
Qu’autant de temps, restent sans arme
Alors qu’on a touché leur âme.

© Coralie Folloni, « Cheminer », Cheminer le temps, Editions Valrose, 2011.

Instant musical

Le rythme s’imprègne en moi comme
une ballade envoûtante au pays de l’ailleurs.

Les notes résonnent dans mes tempes
Faisant naître en mon esprit l’image
D’une danse endiablée
Qui peut tout transcender.

La mélodie s’inscrit
Dans mon être
Les bras sourient
Le corps s’anime.

Une chevauchée prend alors naissance
Bien réelle, devenant immortelle
Qui fait de ce jour un rêve saisissant
Dont les sens s’emparent en riant.

Rires et sourires se mêlent
Joie et Bonheur s’entendent
Grâce à la portée
D’une composition instantanée.

L’écoute prend le pas
Sur tout sensationnel
Pleinement satisfaite
De cet élan présent en moi.

Instant pictural

Devant un tableau
En extase
Face à un songe
Qui incarne le Beau,
L’envol naît
Du mouvement répété
Des personnages
Sans cesse animés.

Pierrot transcrit le tempo
En jouant du banjo
Arlequin s’éclaire
En un mouvement fantastique,
Suivis ou précédés
D’une femme figée
Par une peinture colorée
Une aquarelle sublimée
Qui saisit la farandole

Pour incorporer tout spectateur
A l’animée toile
Qui propulse dans les étoiles
Tout contemplateur.

Tous se suivent
Formant un chemin
Sans fin
Du ciel à la terre.
Leur danse s’immortalise
Parmi les objets
Admiratifs de leur cadence,
Ils ne sauraient rester muets.

Le décor se meut
Les couleurs s’enchaînant
Dans ce défilement incessant
De feux d’artifices.

L’âme s’élève
Le cœur s’emballe
Les yeux s’excitent
Du spectacle qu’ils saisissent.


Instant tactile

Parcourir ton corps
Aller et venir
Pour vivre du fort
Et sous tes doigts
Sentir un empire
Au cœur de l’émoi
Deux corps à l’unisson
Qui partagent un grand frisson.

Délecter tes lèvres des miennes
Enlacer ma lèvre à la tienne,
Te donner un regard félin
En recevant ton œil coquin
Entendre ton souffle saccadé
Qui répond à un désir avoué
T’offrir ma respiration nue
En nos deux corps confondus.
Vibrer ensemble
Cœur d’un partage
Frémir tous deux
Allumer un feu.

© Coralie Folloni, « Instantanées », Cheminer le temps, Editions Valrose, 2011.


Jeune pousse

Il y a trace d’humanités
Et d’humanités
Dominants et dominés

Cette histoire, je crois n’est pas passée.

Elle a commencé sûrement
À l’époque où tu étais enfant
Mais elle se poursuit encore
Seul peut-être a changé le décor !

Cette histoire a été et est toujours tienne
Cette histoire est et je le crains sera mienne.

Je ne peux rien opposer au Temps, je le sais,
Mais l’histoire, semble-t-il, ne s’est pas effacée
Quand chaque jour nous voyons passer
Les ombres des anciens qui saluent nos pensées.

Je sais qu’un ancien tu es,
Et tu sembles saluer mes pensées,
Mais je crains, Vieux tronc,
Que l’assurance de l’âge rende abscons
Ton jugement qui se base plus sur ton expérience
Passée que sur l’histoire présente !

Me pardonneras-tu, d’ainsi t’offenser
Mais je ne voudrais pas falsifier La pensée
La mienne n’est pas souveraine

Et l’expérience me manque
Mais je ne crois pas que la tienne le soit ici
Car d’observer il semble que tu oublies.

Je t’en prie vieux chêne
Oublie ta fatigue
Oublie tes blessures
Pour que dans tes veines
Puisse couleur le renouveau
Pour que dans tes yeux
Flambe le réel
Et que ta sagesse
Ne devienne pas irrationnelle !

© Coralie Folloni, extrait, Jeune pousse & Vieux tronc, Editions Amjele, 2010.

 

Le temps des amours,

Le temps des amours,
Le temps des secrets,
Personne ne sait
Quand il va arriver,
Par quel détour
Se fera son séjour,
Mais quand il est là
On est en pleine joie
À savourer, l’instant,
Ce merveilleux présent.

Le temps des passions,
Le temps des liaisons,
Personne ne sait
Quand il va achever
Les instants passés
Que l’on veut oublier,
Et quand il arrive
On est comme une grive

À profiter
De la gaieté créée.

© Coralie Folloni, « Le temps des amours », Féeriques, Editions Valrose, 2009.


Élan élancé,

Entrain, envie,
Enthousiasme, Passion,

L’envie d’avoir envie,

Puis l’enthousiasme entraînant,
Puis la Passion débordante,
Que rien n’altère,
Qui ne peut empêcher
De continuer, de multiplier,
Les envies de découvertes.

Et la soif d’absolu
Intarissable, insatiable,
Et la quête ininterrompue
Toujours plus lointaine,
Toujours plus souveraine,
Humaine.

Et l’abolition des fins
Et la fin des débuts
Et la continuité absolue

Et le passage indissoluble
Et toujours, encore plus,
Et encore, et toujours,
L’extraction des moins,
La fin des fins,
Pour un horizon nouveau,
Pour un voyage en renouveau.

© Coralie Folloni, « Élan élancé », Féeriques, Editions Valrose, 2009.

 

Séries séquentielles,

Une série,
Deux séries,
Trois séries
D’expériences

Qui s’enchaînent
Et qui balancent.

Et toi dont l’ombre,
Se dessine,
Apparitions
Et disparitions
S’alignent

Pour une série,
Deux séries,
Ou trois séries,
Qui s’enchaînent
À balancer.

© Coralie Folloni, « Séries séquentielles », Féeriques, Editions Valrose, 2009.

 

Adrien,

Il baigne dans la lumière
Il rend éternel l’éphémère.

Adrien est assis sur un champignon, tout rond. Adrien croise ses bras fins, sans fin. Adrien sourit, d’un sourire en demi-lune qui affiche son calme, sa joie, d’un sourire en demi-lune qui prolonge son visage enfantin.

Adrien ne peut être qu’un lutin, avec ses grandes oreilles, son bonnet qui tend et qui tombe, ses habits beiges et rouges, sa frimousse de fripouille.

Prêt à faire rire, prêt encore à sourire, il siège calmement en attendant le début du firmament qui lui laissera le temps de pouvoir à tant d’égards faire obligeance, à nos égards faire allégeance.

Nous attendons tous Adrien, en notre for intérieur, celui qui sourit, qui fera rire, il est celui surtout à qui l’on pense quand on quitte le trivial pour penser à l’idéal.

© Coralie Folloni, « Adrien », Féeriques, Editions Valrose, 2009.

 

L’homme-oxymore,

J’ai pensé en riant
Ce qu’est notre néant,
Celui de l’humanité,
De l’inchangé.

Notre nature est telle
Que nous sommes fidèles
À toutes nos contradictions

Nos dictions un peu cons.

Mais l’homme-oxymore
Que voulez-vous de lui encore ?
Mais l’homme-oxymore

Ne veut pas changer son décor.

J’ai pensé en pleurant
Ce qu’est notre néant
En demandant s’il est temps
De changer du dedans

Notre nature est telle
Que nous sommes fidèles
À toutes nos contradictions
Nos dictions un peu cons.

Mais l’homme-oxymore
Que voulez-vous de lui encore ?
Mais l’homme-oxymore
Ne fera pas le moindre effort.

J’ai pensé en sentant
Ce qu’est notre néant,
Et qu’il n’y a plus rien d’autre à faire
À part détruire la fourmilière.

Notre nature est telle
Que nous sommes infidèles
À tout ce qu’on reçoit de bon,
Pour ce qui fait dire non

Car l’homme-oxymore
Que voulez-vous de lui encore ?
Car l’homme-oxymore
Ne fera pas le moindre effort.

© Coralie Folloni, « L’homme-oxymore », Clairobscurs, Editions Valrose, 2007.

 

L’aube,

L’aube,
C’est la lumière bleutée

L’aube,
C’est l’immensité
Qui s’ouvre devant nous,
L’infini qui permettra
D’aller bien au-delà.

L’aube naît de la femme
La femme naît de la femme
La femme est là, mère,

La mère est aussi la Terre,
L’aube est celle de Magna Mater.

© Coralie Folloni, « L’aube », Clairobscurs, Editions Valrose, 2007.


Vaste étendue,

Là où les murs s’évaporent
Je m’emporterai
Là où commence l’amour
Mes pas me guideront
Là où a cessé l’Amertume
L’Être de lumière est né
Là où les vagues s’enchaînent
Le râle ne mourra pas.
Là où tout peut se poursuivre
Vous m’entraînerez
Là où tout cesse
Je n’irai pas,
Car là où mon choix privilégier s’opère
Les forces, que je n’avais plus, renaissent
Là où tout semblait se terminer
Tout est en fait en train de commencer.

© Coralie Folloni, « Vaste étendue », Clairobscurs, Editions Valrose, 2007.

 

Les jouets,

Joue, joue, joue, utilise-les tes objets !
Sois, oui sois heureuse avec eux !
Laisse-toi porter par l’étonnant rythme
Du pantin carnavalesque, de la poupée-femme.

Certains derrière toi seront emportés
Par le vent de ton enthousiasme
Qu’importe si toi, tu te laisses amuser…

Mais n’oublie pas non plus,
Ceux qui de bois sont faits
Ceux qui peuvent aussi tant t’apporter…

© Coralie Folloni, « Les jouets », Clairobscurs, Editions Valrose, 2007.

 

La musique,

Quand c’est elle qui orchestre,
Quand c’est elle qui nous conduit,
Quand c’est elle qui nous guide,
Quand c’est elle qui épanouit.

Nous lui donnons juste l’élan.
Et, en retour,
Elle nous donne le pouvoir
Grâce auquel, nous élevant,

Nous pouvons oublier tout le noir d’antan.

Alors, seulement alors, mais déjà,
Un nouveau temps est né,
Celui qui nous grandit, celui qui va triompher, là,
De tous nos immotivés, des douleurs passées.

Oh Toi, que l’on voit bohémienne,
Mais qui est une reine
Tu n’hésite pas à t’élancer
Créant notre gaieté,
Tu n’hésites pas à jouer avec nous, pour nous,
Car tu veux oublier le Vous, pour créer un Nous,

Un Nous, unique et uni-vers-celles des émotions
Qui, quand elles explosent, forgent un nouvel être…

Tu es Notre Renaissance.

© Coralie Folloni, « La musique », Clairobscurs, Editions Valrose, 2007.

 

Douce mélodie,

C’est une douce mélodie
Qui m’enivre, et qui s’appuie
Sur mon cœur endolori
De douleur, tout transis.

Doux regard, qui se pose
Sur ce soupçon de prose
Tu déverses à petite dose
Tes petites larmes à peine écloses

(…) Si un jour tout s’arrêtait
Si un jour le moi s’y prêtait
Je serais autre.

© Coralie Folloni, « Douce mélodie », Tristesses…, Editions Bévévent, 2004.

 

Nous,

De l’autre à moi, du moi à l’autre.

De je à tu, de tu à je.

De nous à vous, de vous à nous.

Ensemble et seuls, nous avons refait le monde, nous avons rêvé d’une évolution.
Que le je et le tu deviennent nous.
Que le nous et le vous s’unissent pour former le ILS.
Que l’on puisse dire, ILS ont rêvé d’une évolution.
Conjuguons nos forces passées au présent.

© Coralie Folloni, « Nous », Tristesses…, Editions Bénévent, 2004.

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