La petite fille de Monsieur Linh – Philippe Claudel

Les mots et leurs pouvoirs infinis…

Imaginez que vous venez de refermer les pages d’un roman, les larmes aux yeux depuis près de dix pages parce que l’émotion vous a gagné avec une douceur infinie. Parce que c’est touchant dans les deux sens du terme, à la fois pathétique (émouvant s’entend) et parce qu’une légère pointe ne peut pas ne pas caresser votre âme un peu frêle.

Cette expérience de lecture authentique et très sensible est permise grâce à Philippe Claudel que l’on voudrait pouvoir remercier avec la plus grande sincérité et le respect le plus profond pour La petite fille de Monsieur Linh.

Si vous vouliez être un lecteur ému avec douceur comme si la plume de l’auteur effleurait votre peau, La petite fille de Monsieur Linh est un cadeau, un don précieux d’une âme à d’autres, qu’il ne faudrait pas laisser passer.

Le livre est paru en 2005 aux Éditions Stock. Un petit roman de 150 à 180 pages selon les éditions et rééditions. Certes, un court roman… Mais, quelle intensité, quelle authenticité ! On ne s’étonnera pas d’apprendre que l’auteur a obtenu le Prix Renaudot pour Les Âmes grises en 2003 et, le Prix Goncourt des Lycéens en 2007 pour Le Rapport de Brodeck.

Si l’on voulait résumer le livre en un terme – ce qui serait bien trop réducteur en soi – ce serait TENDRESSE. Sa soeur jumelle n’est autre que la POÉSIE.

Ce roman nous mène sur les pas d’un vieil homme tenant une maigre valise dans ses bras, et surtout, un nourrisson, alors qu’un bateau l’éloigne de son pays natal. Seul, lui, connaît son nom, son histoire et l’identité du nouveau-né qu’il tient chaleureusement contre son coeur, comme le contenu de sa valise tout aussi chargée en énigmes et en souvenirs qui se dévoileront peu à peu au fil de l’eau, des pas, des pages…

Où ira-t-il ensuite ? Ailleurs, dans un pays étranger dont il ne parle pas la langue. Comment sera-t-il accueilli ? Laissons un peu planer le doute d’une belle découverte.

Esquissons en quelques termes, une rencontre déterminante et pure que M. Linh fera, une découverte humaine qui donnera à son séjour une teneur différente, bien plus riche, tendre, synonyme d’espoirs, d’enthousiasmes alors que les souvenirs de son pays, ses ancêtres génèrent le manque. Tout est évoqué par le biais d’une douce ivresse, comment ne pas pénétrer l’univers de Monsieur Linh et de sa petite fille ? Comment ne pas vouloir y rester ?

L’abandon, la mémoire, le regard sur l’autre sont autant de thèmes présents dans l’ouvrage. À première vue, on les imagine teintés d’une certaine lourdeur du vécu, d’une douleur. Mais, il n’en est rien dans l’essentiel du récit qui nous transporte.

Même après avoir refermé l’ouvrage, on y demeure, il nous habite, on ne veut pas l’oublier, ni l’abandonner. On y appose un regard attendri pour le remercier d’exister.

Un roman qui signe la poésie en actes.

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